Aujourd’hui encore, les chutes de hauteur dans le BTP sont à l’origine de nombreux accidents du travail. Elles peuvent entraîner des conséquences importantes sur la santé des travailleurs et sur la vie des entreprises.
État des lieux
Les chutes de hauteur sont plus fréquentes dans le secteur du BTP, qui est le seul secteur d’activité dans lequel la proportion de chutes de hauteur ayant entraîné un arrêt de travail de quatre jours et plus est supérieure à celle des chutes de plain-pied.
Les chutes de hauteur ne concernent pas seulement les charpentiers et les couvreurs mais l’ensemble des professionnels du BTP. En effet, il n’est pas nécessaire d’être à plusieurs mètres de hauteur pour chuter et se blesser. Ces accidents sont en lien avec une chute dans un escalier, un trou, une trémie, une fenêtre, ou lorsque l’on travaille sur les extérieurs d’un bâtiment comme un toit.
Les chutes de hauteur sont plus fréquentes et plus graves lorsqu’elles surviennent à l’intérieur de l’ouvrage car le risque est moins visible qu’à l’extérieur.
Quels sont les principaux risques ?
Pour la victime, les dommages corporels sont souvent importants : plaies, fractures, lésions internes, traumatismes crâniens ou même le décès.
Les chutes de hauteur peuvent aussi entraîner des répercussions psychologiques : syndrome post commotionnel, stress post-traumatique.
Par ailleurs, un tel accident peut aussi impacter l’ensemble de l’équipe, en lien avec un sentiment de culpabilité : « Je ne suis pas intervenu assez rapidement », « Je n’ai pas alerté la personne du danger », par exemple.
Enfin, les conséquences sur l’entreprise sont nombreuses :
– des coûts financiers directs (versement d’indemnités journalières, d’une rente d’incapacité permanente),
– indirects (absence ou remplacement de la victime de l’accident, temps de gestion administrative…),
– de possibles conséquences juridiques et sur l’image de l’entreprise. Il convient également de prendre en compte l’accompagnement psychologique des équipes dans ce cas-là.
Comment prévenir le risque ?
Comme pour tous les autres risques, il doit être retranscrit dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), avec les mesures de prévention nécessaires pour assurer la sécurité des salariés.
Pour prévenir le risque, l’employeur doit également répondre à trois obligations :
Les interventions en hauteur doivent être effectuées par des personnes ayant reçues une formation. Il en existe des spécifiques, en supplément, en cas d’usage de certains équipements de travail comme les échafaudages et les équipements motorisés. En termes de pédagogie, il est important, avant chaque chantier, de présenter l’organisation et les procédures de travail puis de rappeler les consignes de sécurité et de veiller à leur application.
L’employeur doit mettre en œuvre des mesures d’organisation dans le cadre de la politique de prévention de son entreprise pour :
- – Maintenir tous les équipements en bon état de fonctionnement.
- – Déceler toute détérioration des moyens de protection.
La réglementation prévoit même pour certains équipements des vérifications initiales puis périodiques afin de s’assurer de leur état.
L’employeur doit également privilégier les protections collectives aux protections individuelles, dans la mesure du possible. La protection individuelle doit être réservée aux situations où il n’est pas possible de recourir à des solutions collectives.
L’identification de toutes les situations de travail exposant les salariés aux risques de chute doit intervenir le plus en amont possible afin de proposer des solutions permettant d’éviter l’exposition au risque. L’important est de bien évaluer le risque pour adapter au mieux le dispositif de prévention.
Cette démarche de prévention doit être conduite avec les différents acteurs impliqués, dès la conception d’un ouvrage, et porter sur les différents postes de travail, modes opératoires…
Comment limiter le risque au quotidien ?
Analyser le chantier et identifier tous les dangers, pour les éliminer à la source, si possible (utilisation d’un drone pour réaliser les métrés, mise en place d’une passerelle métallique sécurisée entre deux bâtiments en construction…).
Veiller à une bonne coordination entre les différents intervenants.
Sensibiliser régulièrement les équipes aux règles à mettre en œuvre car une accoutumance au risque peut amener à une baisse de la vigilance.
Former et entrainer les collaborateurs à l’utilisation du matériel de protection.
Une attention particulière doit être portée sur les activités effectuées à une hauteur faible et / ou à l’intérieur d’un bâtiment car elles sont, à tort, considérées moins risquées.
En un coup d’oeil !
Le risque de chute de hauteur peut concerner tous les métiers du BTP.
L'employeur doit répondre à certaines obligations pour limiter le risque.